Communiqué de presse – Paris, 23/04/2024
Peut-on condamner des propos de la Bible ? C’est cette question que le Tribunal correctionnel de Paris devra trancher ce jeudi 25 avril 2024 à 13h30. Mousse et Stop Homophobie avaient en effet porté plainte contre le site ParoledeDieu.fr en 2020 pour avoir appelé au meurtre contre les homosexuels en s’appuyant sur un passage du Lévitique.
Interprétation controversée de textes sacrés
Le litige porte sur un article diffusé le 15 janvier 2020, interprétant des textes bibliques en incitant au meurtre contre les personnes homosexuelles. Il est indiqué dans l’article que « L’homosexualité, péché d’indistinction, est donc interdite sous peine de mort : « l’homme qui couche avec un mâle comme on couche avec une femme : c’est une abomination que tous deux ont commise, ils seront mis à mort, leur sang est sur eux » (lev 20.13). Il est donc interdit d’agir avec un homme comme si c’était une femme : obligation est faite de reconnaître une différence. Dans le cas contraire, c’est la mort qui s’impose, comme à Sodome, comme à Guibéa où toute la population mâle coupable de comportement homosexuel a été passée au fil de l’épée (Jg chap 19 et 20). » Cet article est toujours en ligne à l’heure actuelle. Cet appel à la violence est une infraction manifeste aux valeurs de respect de notre société démocratique.
Liberté d’expression et responsabilité sociétale
Les associations Mousse et Stop Homophobie rappellent qu’en 2013, le Pape François a déclaré : « Si une personne est homosexuelle et cherche Dieu avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? ». Elles insistent que le fait que les propos de Parole de Dieu sont en contradiction avec l’enseignement de l’Église catholique romaine qui, tout en considérant l’homosexualité comme « intrinsèquement désordonnée », appelle néanmoins au respect, à la compassion et à l’accueil sans discrimination des personnes homosexuelles comme l’indique l’article 2358 : «Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présentent des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils ne choisissent pas leur condition homosexuelle. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la Croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition.»
Pour Me Etienne Deshoulières, avocat des associations : « Dans un Etat laïque comme la France, la loi est universelle. Elle s’applique à tous et à toutes choses, sans considération de la religion. Un appel au meurtre est réprimé par la loi de 1881 sur la liberté de la presse, sans que puisse être pris en considération le caractère religieux ou non du texte. Il s’agit d’une question d’égalité devant la loi. Les catholiques ne disposent pas d’une liberté d’expression plus large que les musulmans, les protestants ou les athées, leur permettant d’appeler au meurtre contre une partie de la population. »
Pour Terrence Khatchadourian, secrétaire général de Stop Homophobie : « Cette position de ParoledeDieu.fr demeure heureusement ultra-minoritaire au sein de la communauté catholique. Le catéchisme appelle à l’amour, la compréhension. Et dans un contexte où les unions homosexuelles peuvent être célébrées dans les églises, notre souhait est que chacun puisse vivre sa sexualité et sa spiritualité sans subir de stigmatisation. Il est donc impératif de prendre des mesures pour retirer ce contenu et prévenir la diffusion de discours haineux, qui constituent une réelle menace pour la sécurité et le bien-être des personnes LGBT+, parce qu’elles incitent au passage à l’acte. Et l’actualité le confirme tous les jours. ».
Contact presse :
Étienne Deshoulières – Avocat au barreau de Paris
0177628203, www.deshoulieres-avocats.com