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Homophobie au lycée Jean-Paul II : une enseignante porte plainte

Communiqué de presse – Paris, 29/06/2023

Une professeure du lycée Jean-Paul II de Compiègne porte plainte aujourd’hui contre le proviseur du lycée pour harcèlement et entrave à la fonction d’enseignante. Ce dernier est accusé d’avoir censuré des projections de films ayant des personnages homosexuels et d’avoir tenu des propos homophobes devant des enseignants.

Au sein du lycée catholique Jean-Paul II de Compiègne, le climat est hostile pour les étudiants, les professeurs et le personnel LGBTI+. En effet, la direction de l’établissement adopte une politique allant à l’encontre des normes de l’enseignement public. La lutte contre la LGBTphobie en milieu scolaire est fortement entravée, avec des cas fréquents de suppression ou de censure de campagnes anti-LGBTphobie ainsi que de projections de films.

Le directeur, quant à lui, aurait tenu des propos controversés concernant l’homosexualité. Selon des témoignages rapportés par Médiapart (1), lors d’une réunion avec plusieurs enseignants du lycée, le directeur aurait déclaré : « Quand on est catholique, on ne va pas voir un film sur l’amour entre deux personnes du même sexe » et « on ne s’inscrit pas dans cette tendance ». Il aurait également exprimé l’opinion que les jeunes sont suffisamment « matraqués » sur le sujet de l’homosexualité et que « ça reste une minorité, heureusement pour notre humanité ». Une enseignante ayant dénoncé les attitudes de l’administration a subi les foudres de la direction : rumeurs, menaces de poursuites judiciaires et isolement du reste du corps enseignant.

Cette enseignante a décidé de déposer plainte pour harcèlement moral et entrave à la fonction d’enseignante, avec circonstance aggravante d’homophobie. Ces faits sont constitutifs de délits réprimés d’un deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende.

Les associations Familles LGBT, Stop homophobie, Mousse et ADHEOS soutiennent vivement les actes de résistance de cette professeure, ainsi que son initiative de déposer plainte.

Nathan KUENTZ, Président de l’association Mousse, regrette que « l’Éducation nationale n’a, à aucun moment, remis en question le contrat d’association entre l’État et le lycée, après la présentation du rapport d’inspection du rectorat d’Amiens évoquant les faits litigieux. Soit l’État est naïf, soit il valide ces pratiques dans l’enseignement catholique. »

L’enseignement catholique est habitué à ce type de polémiques. Le 23 mars 2023, son secrétariat avait présenté une série de fiches sur la prise en charge des élèves transgenres ou en questionnement. Ces fiches étaient destinées à guider les établissements dans l’accompagnement de ces élèves. Elles préconisaient de défendre l’altérité homme-femme, afin de convaincre les élèves d’accepter leur corps « sexué » et de construire des relations exclusivement hétérosexuelles (2). Ces fiches ne reconnaissent pas la transidentité et nient la possibilité de questionner son identité de genre ou d’effectuer une transition. Ces directives étaient clairement en contradiction avec la circulaire Blanquer, mais n’ont pas suscité la réprobation du ministère de l’Education nationale.

Contact presse :
KUENTZ Nathan – Président de Mousse
Tél. : 0185083489 – contact@assomousse.org

(1) « Dérives au lycée Jean-Paul-II de Compiègne : le rectorat alerte le procureur », Médiapart, Mathilde Goanec, 9 juin 2023 : https://www.mediapart.fr/journal/france/090623/derives-au-lycee-jean-paul-ii-de-compiegne-le-rectorat-alerte-le-procureur

(2) « Élèves trans : l’enseignement catholique refuse d’appliquer les préconisations du gouvernement », Médiapart, Mathilde Goanec, 14 avril 2023 : https://www.mediapart.fr/journal/france/140423/eleves-trans-l-enseignement-catholique-refuse-d-appliquer-les-preconisations-du-gouvernement